ÉLÉGIE A MA SŒUR AMÉLIE, POUR LA CONSOLER DE LA PERTE DE MADEMOISELLE HERTEFELD.
Rarement en nos vœux le destin nous seconde,
Les biens avec les maux sont mêlés dans ce monde;
Jupiter, de ses deux tonneaux,
Sans qu'à nos souhaits il réponde,
Les verse sur nous à grands flots.
Rien n'est stable ici-bas, tout se métamorphose;
On naît, on s'affaiblit, le temps nous décompose,
Et ces mutations, ces changements divers
Sont les effets de cette cause
Qui renouvelle l'univers.
Si vous éprouvez des revers,
Si le bonheur vous fuit quand le destin se change,
Songez au moins, ma sœur, que les dieux, en échange,
Ont orné votre esprit des plus précieux dons,
Et qu'à moins de vous faire un ange.
Ils n'ont pu vous donner plus de perfections.
Mais quel que soit l'heureux partage
D'esprit, de vertus, de grandeur,
Dont vous possédez l'avantage,
Dans ce haut degré de splendeur