<43>Le meilleur persifleur passe pour patriote;
Ce pauvre potentat, honni, turlupiné,
Voit et le diadème et son nom profané.
Cet autre est occupé d'une génisse blanche,a
En lui pressant le sein, c'est sa soif qu'il étanche;
Aux bords de ce ruisseau, les yeux sur l'hameçon,
Tout son salut dépend d'attraper un poisson.
S'il manque de savoir, d'esprit ou de courage,
Il emprunte le tout d'un ministre qu'il gage;
Parmi les végétaux il aurait figuré.
Quel scarabée, ah dieux! a-t-il donc engendré!
C'est un roi, le voilà; dans sa cour attroupée,
Avec sa femme encore il joue à la poupée.
Non loin de ses États est un vieux radoteur,
Plus fourbe que bigot, mais cruel exacteur
De ses sujets foulés, du pauvre qu'il opprime.
Il déteste à présent son vieux métier d'escrime;
De l'abbé de Saint-Pierre adoptant les projets,b
Il s'attend à jouir d'une éternelle paix.
Là, dans le fond du Nord, un autre roi réside,
Bon chevalier errant, mais bourse et tête vide;
Quittons sa cour, passons ce court trajet de mer.
Dans ce pays fécond en soldats comme en fer
Règne sur des sujets accablés de misère
Un roi; mais il n'en est que le roi titulaire,
Le sénat prudemment s'empare de son seing,
Pour promulguer ses lois au nom du souverain.
Là-bas, un autre fou, roi de nouvelle date,
Se pavane et s'encense en vainqueur du Croate;
Mais, bourgeois gentilhomme, il prétend être intrus
Chez ces vieux souverains, si fiers et si bourrus;
Un refus à sa suite attire une bataille.
De tous ses ennemis le scélérat se raille;
Mais, devenu vieux loup, n'ayant griffes ni dents,
Ses voisins sont en paix à l'abri de ses ans,
a Voyez t. II, p. 36.
b Voyez t. IX, p. 36.