ÉPITRE A VOLTAIRE.
De Chaulieu l'épicurien
Je n'eus point en don le génie;
Mais la goutte qui me retient
Sur mon grabat à l'agonie
Vient par sa généalogie
De la même dont fut atteint
Cet aimable Sybaritain.
Je vois que par détail il faut quitter la vie
Ou plus tôt ou plus tard; les ressorts sont usés :
L'un ne digère plus, l'autre a les yeux blessés;
De sourds et de perclus la gente moribonde
Transportent en ballots par bonne occasion
Leur gros bagage en l'autre monde,
Jusqu'à la dissolution
Qui rassemble le tout dans le séjour immonde.
Pour moi, je sens déjà crouler le bâtiment,
Mes pieds estropiés perdent leur mouvement;
Couvert de mes débris, je me fais une fête
Que de maux conjurés l'implacable tempête
Par hasard jusqu'en ce moment
Ait encore épargné ma tête.