I. ODE SUR LE TEMPS.
Toi qui n'admets rien de solide,
Dont l'essence est le changement,
O temps! que ta course est rapide!
Que tu passes légèrement!
Le globe que le ciel enferme
N'a point de puissance si ferme
Que tu n'entraînes avec toi;
Rien n'arrête ta violence,
Et le moment même où je pense
S'enfuit déjà bien loin de moi.
Les jours qui composent ma vie
Me sont comptés par les destins;
Des uns la douceur m'est ravie,
Les autres me sont incertains.
Le passé n'a plus aucun charme,
L'avenir me trouble et m'alarme,
Le présent m'est un faible appui;
Et comme un point indivisible,
Ou comme un atome insensible,
Il passe, et je passe avec lui.