<10>Réunit mon âme fragile
A sa divine éternité.
Déjà je vois les cieux qui s'ouvrent,
Déjà je vois mon bienfaiteur;
Les voiles épais qui le couvrent
Ne le cachent plus à mon cœur.
La bonté fait son caractère,
Et des rayons de sa lumière
Je sens mon cœur s'illuminer;
Ce Dieu chérit ses créatures,
Ceux dont les âmes toujours pures
Se soumettent sans raisonner.
Qu'un scolastique atrabilaire,
Sans charité, peu tolérant,
Plein d'un faux zèle, sanguinaire,
Dépeigne Dieu comme un tyran;
Et que son esprit imbécile
Du fiel que distille sa bile
Emprunte toutes les couleurs :
Ce venin, que sa bouche impure
Vomit en blasphème, en injure,
De son cœur marque les horreurs.
(Remusberg, le 26 novembre 1737.)