<110>Abbé, vous devenez profane,
Tout prélat en hâte vous damne,
D'interdire vous fait l'affront
De ces lieux dont tomba la manne,
Certe où ni vous ni moi n'irons.
Est-ce ainsi donc que d'une thèse
On récompense les bons mots?
En vérité, graves cagots,
Saints mitrés, ne vous en déplaise,
Je crois qu'en votre diocèse
La grâce éclaire les dévots;
Pour le bon sens, c'est autre chose.
Ne provoquez point son compas;
Craignez surtout, pour votre cause,
Qu'Apollon ne juge Midas.
Pour vous, de Lock nouvel apôtre,
Laissez tous ces bonnets fourrés,
De reliquaires entourés,
Balbutier leur patenôtre,
Sur Escobar perdre leur temps,
Débiter cependant aux nues
Leur tas de visions cornues,
En injuriant le bon sens.
Laissez-leur passer les revues
Des subtilités inconnues
Des sages, les seuls vrais savants,
Foudroyer de leur anathème,
Et refuser les sacrements,
Ou, si vous voulez, le baptême
A la horde des vrais croyants :
Qu'importent ces égarements?
Mais quand sur vous la foudre gronde,
Damné pour damné, cher abbé,
Jouissez des biens de ce monde.
Qu'à la table la jeune Hébé
Vous verse la liqueur charmante
D'un doux nectar fait pour les dieux;