<126>Hélas! par quel moyen ou par quel stratagème
Pourrais-je donc vous informer,
Ma divine Ulerique, à quel point je vous aime?

(Camp de Dittmannsdorf, le 26 juillet 1762.)

VI. A LA BELLE DES BELLES.

Volez, mes vers, au lieu de moi;
Rendez-vous à Berlin, où je ne puis atteindre,
Porter les gages de ma foi,
D'un amour que la mort ne pourra point éteindre,
A la divinité qui me tient sous sa loi.
Dites à la belle Ulerique
Qu'elle est ma passion unique,
Que cent mille lieues ni le temps
Ne peuvent affaiblir les tendres sentiments
Qu'inspire sa vertu pudique.
Répétez-lui surtout, mes vers,
Que, pour connaître ma constance,
Il n'est, dans ce siècle pervers,
D'épreuve qu'une longue absence.
A cette absence enfin si dure à supporter
Sans doute que je dois le bonheur de ma vie,
Puisqu'elle m'a fait souhaiter
De celle que mon cœur s'efforce à mériter,
Qui règne pour jamais sur mon âme asservie.
Et que n'aurais-je pas sans elle à redouter?
De ce pauvre Gresseta et de sa poésie,
De sa sèche monotonie,
En le voyant toujours, on doit se dégoûter;
L'absence est comme une magie,


a Surnom que Frédéric donnait par plaisanterie à M. de Catt.