<127>Sa douce illusion a le don d'enchanter.
Plus je pense et plus je médite,
Plus je lui pardonne mes maux,
Puisqu'elle ajoute à mon mérite,
En diminuant mes défauts.
Dittmannsdorf, 3 août 1762.
VII. RELATION DE CAMPAGNE.b
Je vois ici comment on prend des villes
Dont les soldats, pareils à des Achilles,
Mènent grand bruit, en se défendant bien.
Tous ces exploits, en dangers si fertiles,
Très-glorieux, ne me touchent en rien.
J'aimerais mieux le beau secret de prendre
Un jeune cœur enclin à se défendre,
Surtout lui plaire, et par mon entretien
Faire passer un amour des plus tendres
Tout doucement de mon cœur dans le sien.
A mon avis cet art est difficile,
Et je le crois tout au moins plus utile
Que les travaux de messieurs les guerriers,
Couverts de fange et chargés de lauriers.
Quel triste jeu de briser des murailles,
Vieux monuments d'un nombre d'ouvriers,
Loin de livrer de sanglantes batailles
Où l'on ne voit que morts et funérailles!
Que si j'étais auprès de nos foyers,
A l'ombre heureux d'un bosquet d'oliviers,
Je l'avouerai, j'aurais plutôt envie
b Voyez l'autre leçon de cette pièce qui se trouve dans le t. XII, p. 263-265.