<132>Je lui ferais la sentinelle;
Dès qu'elle se réveillerait,
Je n'aurais des yeux que pour elle.
Si le matin il arrivait
Sur moi, bureau, qu'elle écrivait,
Je baiserais, rempli de zèle,
Cette main si blanche et si belle.
Qu'avec plaisir je soutiendrais
Ce beau sein d'ivoire et d'albâtre!
Qu'amoureusement idolâtre,
La bouche j'en approcherais!
Que, si j'osais, je lui dirais
Tout ce qu'Antoine à Cléopâtre
A dit sur de pareils sujets!
O ciel! quels seraient mes regrets,
Si, trop vite et sans me rien dire,
Elle partait, lasse d'écrire!
Mais au moins en me refermant
Elle toucherait son amant;
Cette faveur sans conséquence
Serait pour moi d'un prix immense.
Au lieu de tout bruit sourd que fait
En se fermant un cabinet,
Je m'écrierais, Catt vous adore!
Et sitôt qu'on me pousserait,
Je le répéterais encore.
J'aurais, et j'en suis convaincu,
L'Amour m'en a fait la promesse,
Plus d'acquis et de gentillesse
Que bureau n'en a jamais eu.
Mais tandis que ma douce ivresse
Dissipe et chasse ma tristesse,
La funeste réalité
De cette image enchanteresse
Découvre la frivolité.
Imagination traîtresse,
C'est en vain que tu m'as flatté;