III.
Du grand schisme de l'Occident
Je vous renvoie en ce moment
L'aventure, à mon gré comique.
Pierre et Corario, vendeurs d'orviétan,
Ont perdu le crédit de leur drogue mystique.b
O Catt! quel spectacle charmant
Pour moi, lecteur discret, très-anticatholique,
De voir ces sacrés imposteurs,
Charlatans en rochet, en camail, en soutane,
Environnés de leurs docteurs,
Entre eux se traitant pis que le moindre profane,
Et des foudres du Vatican
Chacun frapper son concurrent!
Leur querelle devint l'écueil du fanatisme,
Du tyrannique despotisme
Qu'exerçait le siége papal;
Depuis, ce pouvoir si fatal
S'affaiblit et devint frivole;
Sigismond renversa l'idole
De son antique piédestal.
Tout pape avec son auréole,
Depuis ce temps, au Capitole,
Craint un concile général.
Bulles, interdits, anathèmes,
Les peuples dispensés de leurs justes serments,
Ne sont plus regardés par les meilleurs croyants
Ainsi que des arrêts suprêmes,
Des cieux en droiture émanants;
Et les rois, à présent, se respectant eux-mêmes,
Aux hypocrites pieds de ces sacrés tyrans
b Les antipapes Benoît XIII et Grégoire XII, cités en 1409 au concile de Pise sous leurs noms de Pierre de Lune et d'Ange Corario, furent convaincus d'hérésie et de schisme, et déposés. Voyez l'Histoire ecclésiastique. Pour servir de continuation à celle de monsieur l'abbé Fleury. A Paris, 1737, tome XXI.