V.
Voici le concile de Trente,
Dont vous vous souciez fort peu,
Animé de ce premier feu
Qu'attise en votre cœur votre fidèle amante.
Les décrets, les canons d'une troupe arrogante
Ne valent pas, à mon aveu,
Les ravissants baisers d'une bouche charmante,
Ni cette grâce séduisante
De la beauté qui vous enchante.
Moi, valétudinaire et vieux,
Qui des tendres désirs ne ressens plus l'amorce,
Je laisse l'amour en son lieu;
Ce dieu de la jeunesse, en me quittant, me force
A me soumettre à ce divorce.
En son abandon, j'ai recours,
Catarrheux, faible, en mes vieux jours,
A des bouquins obscurs, œuvres des scolastiques;
Je lis tous ces débats mystiques
De docteurs qui, dans leurs discours,
S'anathématisant, se traitent d'hérétiques,
Ou bien imposteurs politiques,
Ou bien ineptes et bigots.
Ces impétueux fanatiques
Terminent leurs débats mystiques
A faire brûler leurs rivaux
A petit feu par les bourreaux.
A Londres, certaine Marie,
Très-catholique pour la foi,
Très-déloyale selon moi,
Poussa la sainte barbarie
A faire en grande pompe et sur des échafauds
Massacrer, par galanterie,
Six mille Anglais très-peu dévots,
Incrédules esprits, à leur secte fidèles,