<16>La raison, ce feu qui m'éclaire
De tes dons les plus précieux,
M'élève au-dessus de la terre,
Me transporte au plus haut des cieux.
C'est elle qui me fait connaître
Ce roi puissant, ce tendre maître,
Ses ouvrages, sa volonté;
Qui m'enseigne à lui rendre hommage,
A l'aimer, à jouir en sage
Du temps et de ma liberté.
Oui, je vois partout la vive image
De tes bontés et de tes soins;
Ce monde est fait pour notre usage,
Il suffit à tous nos besoins.
Tu voulus, nous donnant la vie,
Que, de tes dons toujours remplie,
Toujours digne de son auteur,
Elle dût nous rendre plus chère
La main puissante et salutaire,
La main qui fait notre bonheur.
Sous les plus brillants édifices,
Sans être enivré des grandeurs,
Sans remords au sein des délices,
Sans épines parmi les fleurs,
Assis à table entre des belles,
Tu les fis pour toucher mes sens;
Le vin d'Aï qui m'enchante,
Versé par une main charmante,
Est encore un de tes présents.
Ah! quand mon âme appesantie
Serait l'esclave de mon corps,
Et descendrait anéantie
Dans l'obscur empire des morts,
Grand Dieu, cette âme qui t'adore