<192>« O Polonais! pourquoi chez l'étranger
Choisirez-vous un roi pour vous juger?
Et pourquoi donc un staroste, un Sarmate
Ne pourra-t-il se couvrir d'écarlate,
Porter le sceptre, et, sur le trône assis,
Justifier que vous l'avez choisi? »
Dit en son nom Repnin à l'assemblée.
Rien ne toucha cette masse aveuglée.
Il fallut donc expliquer l'oraison
A tous ces sourds, porteurs de deux oreilles;
On se servit pour truchement, dit-on,
De l'avocat des rois, du gros canon.a
Il tire à peine, ô prodige! ô merveille!
On voit d'abord tous ces palatins qui,
Tous d'une voix, nomment Poniatowski;
Voilà le roi qu'à bon droit Catherine
Leur annonça par une coulevrine.
On croyait donc que tout était fini,
Que le royaume, en ce choix réuni,
Allait goûter, heureux et sans querelle,
Dans la débauche une paix éternelle.
Mais que l'esprit des hommes est léger!
Un seul moment peut changer leurs pensées.
Du vieux démon qui veille dans l'enfer
Vous connaissez les ruses compassées;
Toujours actif, plein de desseins pervers,
Il entrevoit qu'en ce moment prospère,
Propre à troubler le cerveau du vulgaire,
Il peut jouer un rôle en l'univers.
Tout vieux démon est l'intime des prêtres;
Il sait qu'ils sont charlatans, fourbes, traîtres,
Et quoique en chaire ils nomment Belzébuth
Avec horreur, au fond leur âme crasse
De noirs péchés se souille avec audace.
Et que font-ils pour gagner le salut?
D'affreux complots ou d'infâmes intrigues;
a Voyez t. XI, p. 134.