<198>En leur disant : « Soyez unis, contents,
Et tolérez vos frères dissidents. »
A ce discours, les prêtres en furie
De cris d'horreur et de gémissements
Font retentir les sombres hurlements.
Chacun disait : C'est fait de la patrie.
Mais le magnat, staroste et plébéien,
L'esprit ému de cette momerie,
Soudain remplis par un saint fanatisme,
Criaient comme eux : « Exterminons le schisme!
Tout Polonais doit se confédérer,
Si du salut il ne veut s'égarer. »
Tout aussitôt les seigneurs s'assemblèrent,
Et gravement entre eux délibérèrent.
Parmi ces chefs éclatait Krasinski,
Malachowski, le vaillant Potocki,
Qui jusqu'alors n'avaient vu de leur vie,
Quoique héros, camps, soldats, ni combats,
Dans le conseil ayant l'âme enhardie,
Mais détestant les horreurs du trépas.
Krasinski dit : « Dans ce danger extrême,
Levons, armons, rassemblons nos hussards.
Tout Polonais qui reçut le baptême
Doit se trouver demain au champ de Mars. »
Mais Potocki, grand gourmand de nature,
Réplique ainsi : « Messieurs, c'est fort bien dit;
Mais où trouver l'argent, la nourriture,
Pour soudoyer tout cet essaim maudit? »
Lors Krasinski lui rappelle l'usage
Très-ancien, aussi juste que sage :
« Il faut piller, ou bien vivre à crédit;
C'était ainsi que Sobieski, grand homme,
En guerroyant vécut jadis, et comme
Il délivra des mains de Soliman
Vienne, réduite à son dernier moment. »
Oui, de Kiew leur repartit l'évêque,
Qui de ses jours n'eut de bibliothèque,