<208>Son seul appui, la persécution.
Qui désormais, adorant le ciboire,
Viendra chez nous à la confession?
A Nicolas le peuple fera gloire,
Et nos prélats, perdant le purgatoire,
O comble affreux d'abomination!
N'auraient donc plus de quoi manger ni boire! »
De ce discours pathétique et touchant
L'impression pénétra la Sottise.
« Il faut, dit-elle, il nous faut sur-le-champ
Trouver quelqu'un qui défende l'Église.
Adressons-nous au Turc; il est séant
D'unir pour nous la croix et le croissant,
Car Mahomet aimait le christianisme;
Chacun le sait, qui connaît l'Alcoran;
Et Mustapha, ce généreux sultan,
Maudit le Russe, en abhorrant le schisme.
C'est à lui seul qu'il faut avoir recours;
Oui, du sultan nous aurons les secours. »
A ce conseil les seigneurs applaudirent,
Sur cet objet les cœurs se réunirent;
Mais les prélats tombèrent à genoux.
« O tendre mère! immortelle Sottise,
Dont le conseil prudent nous favorise,
Vous savez bien et que la Vierge, et vous,
Furent toujours adorées parmi nous
Comme les seuls suppôts de notre Église,
Lui dirent-ils; et notre âme soumise,
Extasiée en des moments pareils,
De point en point va suivre vos conseils. »
Durait encor ce bienheureux syncope,
Que la Sottise à leurs yeux disparaît;
Un gros nuage à l'instant l'enveloppe,
Et vous l'enlève aussi vite qu'un trait.
Mais les propos de son âme exhalée,
En imprimant dans les cœurs leur arrêt,
Réconforta cette auguste assemblée.