<226>Des gros boulets les masses infernales
Brutalement ont dérangé mon jeu. »
Mais pour combler cette mésaventure,
Il y perdit le sacré goupillon,
Cet étendard, ce vrai palladion.
O quel présage! ô quel funeste augure!
Le schismatique en est maître en ce jour;
On en fera trophée à Pétersbourg.
Le Pulawski, après sa fuite prompte,
En maudissant Mars, le Russe et l'amour,
Dans quelque bois s'en va cacher sa honte.
Mais Oginski, qui n'en tint aucun compte,
Se mit aux champs. Non loin de cet endrait
Où gît sa troupe, une forte escouade
De preux Russiens en ce moment passait,
Et d'Oginski pas un mot ne savait.
Tout aussitôt il leur donne une aubade;
Il les surprend par un de ces hasards,
Auteurs obscurs d'un jeu du sort bizarre.
Sitôt qu'il vit ses ennemis épars,
En admirant une action si rare,
Tout humblement l'animal se compare,
Sans en rougir, au premier des Césars.
Mais à Grodno, Suwaroff, plein de rage,
Se préparait à bien venger l'outrage
De ses guerriers trop promptement surpris.
Oginski lui donna cet avantage;
Tout vain encor, de ses succès épris,
Pour les Russiens n'ayant que du mépris.
Il va fourrer sa troupe en un village
Où tout pilla, s'enivra, viola.
Personne aux champs ne criait, Qui va là?
Quand la nuit vint, tout dormit en silence,
Sans garde, enfin sans soins, sans vigilance.
Le Suwaroff avait tout projeté,
Et dans l'horreur de cette obscurité,