<227>De sa bourgade il force les barrières.a
Dieu! quel réveil pour les confédérés,
Qui, étourdis, de la veille enivrés,
A peine avaient entr'ouvert les paupières,
Qu'on les échine à grands coups d'étrivières!
En un moment on prit tous ces pendards.
Un seul s'échappe en ce danger extrême;
Ce fut ... et qui? le premier des Césars.
Tout en fuyant, consterné, le teint blême,
Entrelardant la plainte et le blasphème,
Et maudissant la Vierge et les hasards,
Il se disait tristement en lui-même :
« C'est donc ainsi que j'ai su prévenir
Ces chiens français qui bientôt vont venir!
On m'aurait pris comme on prend une poule,
Si je n'avais d'excellents éperons.
La république enfin tombe et s'écroule;
Pourrai-je, hélas! survivre à tant d'affronts? »
Et cependant le Russe en Moldavie
Frottait aussi les Ottomans alors;
Deux fois sur eux sa main appesantie
Leur fait sentir sa valeur, sa furie,
Et du Danube ils repassent les bords.
Que de revers pour de si grands efforts!
Brave Oginski, consolez-vous du vôtre,
Car un malheur ne vient jamais sans l'autre.
a Le général-major Suwaroff surprit Oginski à Stolowice, en Lithuanie, au milieu de la nuit du 22 au 23 septembre 1771.