SCÈNE VI.
LES PRÉCÉDENTS, ET MERLIN, qui apporte une lettre à Mondor.
MERLIN, à Mondor.Monsieur, voici une lettre qui presse.
BARDUS.Ho! ho! qu'est ce-ci?
ARGAN, à Bardus.Je crains que ce ne soit un cartel. (à Mondor.) Souffrez que nous voyions cette lettre, et pour raison. (Il lui prend la lettre.)
MONDOR.Prenez et lisez, monsieur, je n'ai point de secrets pour vous.
ARGAN, en ouvrant la lettre.Vous comprenez les raisons qui m'obligent d'en agir ainsi. (il lit.) « Votre mérite, monsieur, a percé jusqu'à la cour; le prince connaît et vos talents, et votre indigence; il vous destine une place à sa cour, qui réparera tous les torts que jusqu'ici la fortune a eus envers vous. Hâtez-vous de l'en remercier, et de témoigner que votre reconnaissance n'est pas la moindre de vos vertus.
Hermotime. »
Pardonnez à mes soupçons, ils ne tombaient pas sur vous, monsieur. Du moins ai-je la satisfaction de vous apprendre le premier cette bonne nouvelle, et d'y participer comme votre véritable ami.
BARDUS.Ne voilà-t-il pas de nos lâches adulateurs! (à Argan) Vous allez vous jeter à ses genoux, parce qu'il va paraître à la cour; moi, je l'en méprise davantage.
JULIE, à Nérine.Veuille le ciel que cet heureux changement puisse fléchir ma mère!