Les compliments que je lui fais sont sincères, et vous êtes témoin que j'ai rendu justice à ses mérites. Il y a une différence entre estimer la vertu que la faveur couronne, et faire des bassesses envers les moindres domestiques des grands. Il sera mon ami étant à la cour, comme il l'a été auparavant; et quoique je ne sois que d'une bonne famille bourgeoise, j'ai le cœur trop haut pour ramper devant des valets. C'est le plus grand affront qu'on puisse faire aux grands que de croire s'insinuer chez eux en outrant la flatterie envers ceux qui les approchent.
MONDOR.Je suis indigne de l'honneur que le prince me fait. Peut-être me trouverez-vous à présent dans une situation à oser prétendre ....
MADAME ARGAN.Il va donc entrer à la cour?
BARDUS.Cette cour n'a pas le sens commun; on n'y connaît pas le mérite. J'aurais pu y placer mon fils, mais je m'en garderai bien.
SCÈNE VII.
LES PRÉCÉDENTS, ET MARTIN, qui arrive tout essoufflé.
MARTIN.Ah! monsieur, le grand malheur! tout est perdu, tout est perdu.
BARDUS.En voilà bien d'une d'autre. Eh bien, que viens-tu nous dire? Faut-il crier ainsi?
MARTIN.Monsieur, votre fils. ... J'en meurs de douleur quand j'y pense ....
BARDUS.Eh bien?