Finiras-tu?
MARTIN.Enfin, notre tapage alarme le quartier; un grand seigneur officieux vient pour négocier la paix. Mais nous, qui ne respirions que guerre, nous ne voulûmes point de médiateur, et nous le transportâmes des escaliers en bas.
BARDUS.Il tomba?
MARTIN.Tout de son long, la tête la première. (avec emphase.) Le bruit redouble alors; les auxiliaires arrivent.
BARDUS.Quels auxiliaires?
MARTIN.Les laquais, monsieur. (avec emphase.) On s'échauffe, on se mêle; l'un frappe d'estoc, l'autre de taille. Dans ce danger extrême, le généreux Bilvesée se distingue; comme un furieux, il fond sur ses adversaires. Pour moi, je suivais son panache rouge qui flottait sur sa tête; il me conduisait au chemin de la gloire.a Il se fait jour partout; les ennemis plient, ils cèdent. Mais, ô douleur! ô honte! ô fatalité affreuse! près de saisir la victoire que nous avions si bien méritée, la grossière police arrive avec tout son cortége impertinent. On entoure mon maître, on le saisit, on le garrotte, et dans ce moment affreux, nous voyant de vainqueurs vaincus, je pense à la retraite. Cent bons coups de bâton fondent sur mes épaules. Sitôt, par la fenêtre, pour abréger le chemin, je cherche une retraite et fuis par le jardin; puis, par une rue détournée poursuivant le convoi, j'ai vu dans la prison conduire votre fils.
BARDUS.O ciel! est-il possible?
a Ce passage paraît être une allusion badine aux paroles que Henri IV prononça à la journée d'Ivry : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le verrez toujours au chemin de l'honneur et de la gloire. »