<386>Souffre que je t'embrasse, que je jure encore que je t'aime, que tu es le seul que je veux aimer de ma vie, et que la mort me sera douce, si je la reçois pour toi.
SCÈNE IX ET DERNIÈRE.
Le théâtre représente une place publique et, dans le fond, un temple; tout le sénat et tout le peuple remplit la place.
TOUS LES ACTEURS.
(Pendant qu'on joue une symphonie, Sylla arrive en triomphe sur un char avec des marques de sa victoire; il descend du char, les suspend au temple, et, suivi par le sénat, il vient sur le devant du théâtre, et harangue.)
SYLLA.Après avoir rendu aux dieux l'hommage qui leur est dû, pères conscrits, et vous, citoyens, apprenez à connaître quel est Sylla.
Posthume, je vous rends vos biens, votre amante, que j'adore, et je ne vous demande en récompense que votre amitié.
(à Chrysogone.)
Toi, malheureux, qui as indignement abusé de ma confiance, et dont les injustices ont outragé la majesté de cet État et souillé ma gloire, je te condamne à l'exil.
Et vous, sénateurs, dont la puissance m'a été confiée, et vous, citoyens, que j'ai servis, apprenez que si j'ai combattu jusqu'ici les Marius, les Cinna et ces autres factieux dont l'ambition tôt ou tard aurait renversé cet empire, c'était pour vous venger; si j'en ai proscrit d'autres, c'était pour sauver l'État, que leur ambition aurait bouleversé; et que si, enfin, les dieux ont favorisé mes entreprises, c'était pour affermir votre liberté.
Tant que Rome a eu besoin d'un citoyen intrépide et ferme, je l'ai servie; à présent que le calme est rétabli, et que les lois sont en vigueur, je vous remets le pouvoir suprême que vous m'avez confié avec cette dictature. Je renonce au monde, aux grandeurs et à l'amour, et je voue le reste de mes jours à la