<397>vient que je suis timide et incertain en approchant d'elle? et d'où vient l'empressement que j'ai de me trouver à ses genoux? (il aborde Érichthée.) Que je suis heureux de vous rencontrer, adorable princesse! et qu'on est malheureux lorsqu'on languit loin de vos charmes!
ÉRICHTHÉE.Quel nouveau langage est le vôtre? Est-ce ce prince si fier, si belliqueux, qui me parle? en un mot, est-ce cet Aminte qui fut toujours indifférent aux attraits de la beauté?
AMINTE.Charmante Érichthée, il ne faut qu'avoir un cœur sensible pour être frappé de vos appas. Je vous vois, j'aime, et je suis embarrassé de le dire.
ÉRICHTHÉE.Les cœurs des héros sont-ils sujets à ces faiblesses?
AMINTE.Mars n'a-t-il pas soupiré lui-même? Hercule n'a-t-il pas filé pour Omphale? Nos boucliers nous défendent contre les traits des Parthes, mais pas contre ceux de l'Amour. Notre courage s'exerce sur les ennemis, mais notre fierté succombe sous l'attrait vainqueur de la beauté.
AIR.
Un cœur stupide est inflexible,
L'amour ne le peut enflammer.
Un héros n'est point insensible;
S'il vous voit, il doit vous aimer.
Je sens renaître mon courage;
Oui, votre magnanimité
Ne rejettera point l'hommage
D'un cœur par vous seule dompté.
Je suis flattée de voir soupirer un héros si longtemps insensible; mais, cher prince, qui me répondra de votre constance?
AMINTE.