<402>L'HYMEN.

AIR.

Unissez vos deux cœurs par des nœuds éternels;
Que la constance et que l'estime
De votre flamme légitime
Entretiennent les feux offerts sur mes autels.
Que le soupçon, la jalousie,
La dispute, l'antipathie,
N'altèrent vos destins dignes des immortels.

SCÈNE IX.

LES PRÉCÉDENTS et L'AMOUR.

L'AMOUR, à l'Hymen.

De quoi t'avises-tu? Je crois que tu m'enlèves ma conquête. Penses-tu que je ne porte un carquois et des flèches que pour augmenter ton empire? Penses-tu que je ne sois dans le monde que pour te servir et te livrer des victimes enchaînées?

L'HYMEN.

T'imagines-tu que toi et tes flèches soient fort utiles à l'univers, si je ne m'en mêlais pas? Tu ébauches ce que j'achève. Tu commences les aventures, je les finis. Il serait vraiment beau de voir des amants languir sans cesse, et des romans sans dénoûment! Il faut que les passions soient couronnées.

L'AMOUR.

Tu argumentes comme les philosophes athéniens, comme les pesants recteurs du Portique. Le plaisir est une fleur que j'arrose, mais qui se fane dans tes mains. Je rends les mortels heureux; tu ne leur donnes que des dégoûts. Je veux qu'Érichthée et Aminte restent sous mon empire.

AMINTE.

Je porterai les brillantes livrées de l'Amour sous le joug de l'Hymen.