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SCÈNE III.

MÉROPE, EURYCLÈS, ÉGISTHE, enchaîné, ISMÉNIE, GARDES.a

MÉROPE.

Approche, malheureux, et dissipe tes craintes.
Réponds-moi; de quel sang tes mains sont-elles teintes?

ÉGISTHE.

O reine! pardonnez; le trouble, le respect,
Glacent ma triste voix, tremblante à votre aspect.

(à Euryclès.)

Mon âme, en sa présence, étonnée, attendrie ....

MÉROPE.

Parle. De qui ton bras a-t-il tranché la vie?

ÉGISTHE.

D'un jeune audacieux que les arrêts du sort
Et ses propres fureurs ont conduit à la mort.

MÉROPE.

D'un jeune homme! Mon sang s'est glacé dans mes veines.
Ah! ... T'était-il connu?

ÉGISTHE.

Non : les champs de Messènes,
Ses murs, leurs citoyens, tout est nouveau pour moi.

MÉROPE.

Quoi! ce jeune inconnu s'est armé contre toi?
Tu n'aurais employé qu'une juste défense?

ÉGISTHE.

J'en atteste le ciel; il sait mon innocence.
Aux bords de la Pamise, en un temple sacré,
Où l'un de vos aïeux, Hercule, est adoré,
J'osais prier pour vous ce dieu vengeur des crimes;
Je ne pouvais offrir ni présents ni victimes.
Deux inconnus armés m'ont abordé soudain,
L'un dans la fleur des ans, l'autre vers son déclin.


a L. c. acte II, scène II.