<44>De jours si beaux, si précieux,
Par Atropos inexorable
Jamais ne soit tranchée en deux!
Plutôt tranchez mes destinées,
Dieu du Styx, dieu de l'Achéron;
Nouez-les au fil des années
Dont vos mains lui feront le don.
Heureuse, mille fois heureuse
L'âme bien née et généreuse
Qui dans les ombres du trépas
Pousse et précipite ses pas,
Pour conserver les jours insignes
Des héros, de nos vœux seuls dignes,
Et qui méritent nos amours!
Plus noble et plus digne d'envie
Est l'homme qui donne ses jours
Afin de conserver le cours
De ceux des auteurs de sa vie.
(27 mars 1738.)