SCÈNE V.
NARBAS, EURYCLÈS.a
NARBAS.Que va-t-il faire? Hélas! tous mes soins sont trahis;
Les habiles tyrans ne sont jamais punis.
J'espérais que du temps la main tardive et sûre
Justifierait les dieux en vengeant leur injure.
Les gardes ont suivi le tyran qui nous perd;
Pour sortir de ces lieux les chemins sont ouverts.
Qu'importe du tyran la sévère défense?
Quand on a tout perdu, quand on perd l'espérance,
De vains ménagements paraissent superflus,
Contralres à nos devoirs, contraires à nos vertus.
Si Mérope n'est plus, qu'importe-t-il de vivre?
Allons. D'un pas égal que ne puis-je vous suivre!
O dieux! rendez la force à ces bras énervés,
Pour le sang de mes rois autrefois éprouvés.
AIR.
Entre la crainte et l'espérance
Mes faibles esprits sont flottants;
La trahison, la violence,
M'offrent des objets effrayants.
Mais ce qui rassure mes sens,
C'est cette ferme confiance
Qu'à la fin les dieux tout-puissants
Voudront protéger l'innocence.
a L. c. acte V, scène V.