<49>Que le malade crève, ainsi le veut la mode;
De Galien, dit-il, j'ai suivi la méthode.
Reconnais à ces traits ramassés au hasard,
Peints par ma main novice, et sans secours de l'art,
Les dangers menaçants dont la triste cohorte,
Soit chez nous, soit ailleurs, sans cesse nous escorte.
Ni le sombre réduit où se tapit le gueux,
Ni l'éclatant dehors d'un palais somptueux,
Aux dures lois du sort ne peuvent nous soustraire.
De la mort chaque humain est né le tributaire;a
Mais pour que son aspect nous semble moins hideux,
Ayons le cœur, Jordan, d'en occuper nos yeux.
Quiconque sans effroi pense à se voir détruire
Atteint le plus haut point où la raison aspire;
Le sage est au-dessus des troubles de la peur,
Et c'est lui seul qui sait mépriser la douleur.

(1739.)

III.

Je crois te voir, mon bon Jordan,
Te trémoussant d'inquiétude,
Quitter brusquement ton étude,
Chercher Chasot, ce fin Normand,
Ce Chasot, qui sert par semestre
Ou Diane, ou tantôt Vénus,
Et que retiennent en séquestre,
De leurs remèdes tout perclus,
Les disciples de saint Cornus.
Je vous vois partir tous les deux
Du paradis des bienheureux
Pour arriver au purgatoire.
Hélas! si je suivais mes vœux,


a Voyez t. X, p. 58.