<55>Le vent vous est-il favorable,
Tout s'empresse à vous entourer,
Et le courtisan serviable
Pour vous, d'un zèle inimitable,
Se laisserait sacrifier.
Mais la faveur est peu durable;
Une tempête épouvantable
De loin vous semble menacer :
L'ami de cour craint la bourrasque,
Il vous trahit et se démasque;
Et, d'un rire sardonien,
La caustique et fausse malice,
En vous poussant au précipice,
Méprise encor votre destin.
Là, l'erreur ignorante et sotte,
Altière, orgueilleuse et bigote,
Prenant de la religion
Le bandeau de l'opinion,
En a composé sa marotte;
L'aveugle superstition,
Dont le zèle indiscret s'emporte,
Le fanatisme, qui l'escorte,
Y sont en vénération.
Sous l'appareil d'âme dévote
Et d'une feinte austérité,
Le scélérat est respecté;
Toute secte absurde, idiote,
Sous un dehors de sainteté
Y trouve un appui redouté.
On sert Dieu par crainte du diable;
L'enfer, cette image effroyable,
Ses damnés, ses chaudrons bouillants,
Sont les motifs les plus puissants
De l'absurde et sainte grimace
De ces gobeurs de sacrements.
Ils chantent la grâce efficace,
Et ces cafards impertinents,