<56>Pleins d'un zèle rempli d'audace,
Très-indiscrets et remuants,
Damnent leurs frères, non en face,
Mais par arrêt en contumace.
De saints un escadron fourré,
Loin de la raison égaré,
Prêchant la charité chrétienne,
Vous persécute à la païenne
Tel dont l'esprit plus épuré
Dort au prône et bâille à l'antienne.
La folle superstition
Embrouille sans distinction
L'œil éclairé du philosophe
Qui sonde avec précaution
Les écueils de l'illusion,
De la vérité limitrophe,
Avec l'audacieuse erreur
D'un esprit nourri de sophisme,
Qui fait germer un athéisme
Moins né de l'esprit que du cœur.
La ferme, la bonne morale,
Les devoirs de l'humanité,
Et l'incorruptible équité,
Qui marche d'une allure égale
Où la guide la vérité,
Les vertus de Saturne et de Rhée,
Ne régnèrent point dans ces lieux,
Et n'ont pas eu plus de durée
Que le siècle de nos aïeux.
Cher ami, de cette contrée
J'ai fui les vents contagieux;
J'ai fui les plaisirs ennuyeux
Que l'on vante par complaisance,
Et qu'on goûte par bienséance.
Mon esprit libre des liens
Dont la cour enchaînait mes mains,
Des respects de l'obéissance,