<63>Que Neuville, cette Circé
Pleine d'amour et de tendresse,
Sans sacrement eût épousé,
Et que La Roche,7 bonne dame,
Chérit bien du fond de son âme.
Suivez, Chasot, de vos plaisirs
La carrière pleine de charmes;
Poussez jusqu'au bout vos désirs,
Faites verser de douces larmes,
De ces pleurs qu'un plaisir nouveau
Tire des yeux de l'innocence,
Et que la pudeur au tombeau
Verse au sein de la jouissance.
Goûtez les jours délicieux
Que voit éclore le bel âge,
Ces moments doux et précieux
D'un bonheur court et trop volage,
Le plus beau présent que des dieux
La main prodigue et toujours sage
A fait à ces terrestres lieux.
Ne regrettez point des richesses
L'avantage vain et trompeur;
L'amour, le vin et vos maîtresses
Sont d'un prix bien supérieur;
Le vrai bonheur de notre vie
Est le contentement du cœur.
Chasot, votre heureuse folie
Vaut la sagesse d'un docteur
Dont la triste philosophie,
De cent subtilités munie,
Au sein du berceau de l'erreur
Endort son obscure manie.
Quelle extase, quels doux transports,
Quel feu, quels baisers, quels efforts,
Lorsque d'une beauté touchante
7 Personne charitable qui rend au public de Berlin le même service que Mercure rendait dans l'Olympe au maître des dieux.