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XVI. PIÈCE BADINE AVANT LA BATAILLE DE KAY.

Ayez patience, monsieur, je vous en prie. Il est impossible d'annoncer tous les jours de grands événements. La divine lenteur et la prudence plus qu'humaine de nos ennemis ne fournit pas des occasions brillantes aussi souvent que vous le désirez. Le siége n'est guère avancé depuis ma dernière lettre. La batterie à ricochet du sieur Loudon est disparue sans que nous l'ayons démontée, et sans que je puisse vous en rendre raison. Nos ennemis ont changé leur attaque; ils ont poussé un boyau de Schatzlar à Schönberg; et comme ils ont trouvé, par une longue suite d'expériences, que les officiers de cavalerie entendent mieux la fortification que ceux d'infanterie, ils en ont confié le commandement à ce général de Ville dont vous avez entendu parler lorsqu'il était en Haute-Silésie.a

Pendant toutes ces belles entreprises, nous nous tenons immobiles; à voir nos deux armées, on les croirait goutteuses. Réellement, les deux chefs en sont un peu incommodés; ce mal peut-être est de-venu épidémique. Si la campagne dure, préparez-vous à apprendre que les deux camps auront pris racine. Les Saxons n'en seront pas contents; on assure que les Autrichiens les fourragent et les pillent radicalement par amitié et par pure bonté de cœur. Ils en agissent ainsi, parce que, selon la nouvelle mode


a Voyez t. V, p. 12 et 16.