<2>Pensez, ô mes chers auditeurs! dans tous les moments de votre vie, avant que d'entreprendre la moindre chose, dans votre fortune comme dans vos adversités, vous trouvant seuls et recueillis dans vous-mêmes, ou parmi le monde et dans les dissipations du siècle, surtout dans ces moments funestes et dangereux où l'empire des passions est sur le point de briser le frein que la sagesse lui impose, « qu'il est un jour marqué où Dieu viendra dans sa gloire infinie pour juger les morts et les vivants. » Je vous annonce un Dieu tout saint et rémunérateur, qui châtie les âmes tièdes qui l'ont négligé ou méconnu, les cœurs endurcis qui l'ont méprisé et l'ont offensé, les mortels insensés qui ont fondé leur sécurité sur l'impunité qu'ils pensaient trouver dans les secrets impénétrables qui, comme un mur, entouraient les noirceurs et les vices de leur âme, et qui se venge sans miséricorde de l'audace téméraire des impies qui, ayant bravé sa puissance par leur vie qui n'a été qu'un enchaînement de crimes, nient sa providence par le délire dans lequel les transporte l'excès de leur turpitude et de leur corruption. Je vous annonce un Dieu dont la miséricorde infinie prend pitié de sa créature; qui, connaissant la faiblesse des hommes, leur tient compte de leurs fragiles vertus; qui récompense par des biens durables et par une félicité infinie nos moindres actes de contrition, nos soupirs qui s'élèvent à lui, notre soumission aux décrets de sa providence, qui souvent nous coûtent des larmes, tandis que nous habitons cette vallée de misère. Je vous annonce un Dieu qui nous récompense de la charité que nous exerçons envers nos frères les humains, de la foi que nous avons en ses promesses, qui ne sont jamais trompeuses, de la force avec laquelle nous résistons aux malignes tentations de l'esprit malfaisant qui cherche à nous séduire. Je vous annonce enfin un Dieu qui couvre, avec le sang que son fils bienheureux et unique a répandu pour nos péchés, toutes les taches et toutes les imperfections que nos âmes tiennent en héritage de la chute de nos premiers parents, pour nous faire jouir en éternité de la béatitude que goûtent les bienheureux assis à la droite de Dieu le Père dans sa gloire céleste.