<52>que le Saint-Esprit a dictées à l'auteur sacré pour nous inspirer toute l'aversion et toute l'horreur que nous devons avoir pour le prince des ténèbres. « Puisqu'il faut mourir, répond son épouse éplorée, accordez-moi un seul quart d'heure. - Oui, dit Barbe-bleue, mais pas un moment de plus. » Moment nécessaire et utile! moment tout d'or pour le dénouement de la parabole! La jeune épouse, comme nous l'avons dit, signifie le peuple d'Israël; son mariage avec Barbe-bleue, le culte idolâtre que ce peuple élu rendit à Baal-Péor, à Moloch et à d'autres dieux; la descente de la jeune épouse dans ce caveau sanguinaire prédit clairement la captivité de Babylone, pendant laquelle le culte du vrai Dieu avait cessé, et l'esclavage dans lequel le peuple gémit longtemps, assujetti tour à tour par les Assyriens, les Égyptiens, les Mèdes et les Romains. Le retour de Barbe-bleue, qui veut égorger sa femme, figure les derniers efforts des enfers pour détruire la créance, le culte et les autels de Sabaoth, les crimes accumulés sur la face de toute la terre, la cessation des prophètes et des miracles, et le malheureux abandon du genre humain, qui allait obliger Adonaï d'envoyer mourir son fils innocent pour sauver les hommes coupables. Mais ne craignons rien. La grâce opère, elle vivifie la jeune épouse inconsolable, qui éclate par ces paroles remarquables : « Anne, ma sœur, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir? » C'est comme si elle eût dit : Adonaï ne m'abandonnera pas; quelque grandes que soient mes offenses, je me confie en sa miséricorde; mon repentir surpasse mes crimes; je sais qu'il arme un vengeur pour me délivrer du joug de l'enfer. Ma sœur Anne, Anne, ma sœur, ne vois-tu pas encore venir ce divin Sauveur? Hélas! je l'ai offensé, oui, j'ai mérité sa colère; mais quelque énormes que soient mes péchés, sa bonté n'en est pas moins infinie. Quand viendra celui qu'Ésaïe, qu'Ézéchiel, que Daniel ont promis aux nations, celui qui écrasera sous ses pieds le serpent qui avait séduit nos premiers pères, et auquel le genre humain devra son salut? Je suis née de la tribu de Juda, je suis fille d'Adonaï; celui qui vient pour ma délivrance est son fils, donc il est mon frère. Ah! cher frère, venez, je vous attends avec impatience. Anne, ma sœur, ne vient-il pas encore? Sa sœur Anne monte promptement sur une tour du château; car il faut s'élever