<6>d'hommes à la gloire d'un jour et à une réputation qui se dissipe avec la fumée de ses flambeaux funéraires. Mais il est un jour où tout sera connu, où tout sera découvert, où les plus secrètes pensées de votre cœur, où des actions commises sans témoins, où des crimes médités dans le silence, comme des attentats commis en plein jour, paraîtront à la face de toute la terre, où aucune finesse, où aucune ruse, où aucun déguisement ne trouvera lieu, et où l'homme paraîtra tout nu avec toutes ses difformités naturelles. Ne pensez pas que je vous entretienne d'un Être immense qui se trouve partout, dont la toute-science est infinie, qui entend et qui voit tout. Je n'ai pas besoin, mes frères, de recourir à la Divinité. J'en appelle à votre propre aveu; je ne veux que fouiller dans votre propre cœur. Chrétiens, quel est celui d'entre vous qui n'ait jamais entendu la voix de sa conscience qui s'élève en saint en lui-même, et qui lui reproche sa mauvaise conduite? Quel est l'homme assez pervers entre vous, qui n'ait jamais senti la frayeur que lui causent les terribles remords de ses crimes? C'est cette voix qui trouble les coupables, qui se fraye un chemin dans les habitations des grands, qui brave la majesté du trône, et qui poursuit le crime dans la cabane du pauvre comme dans les palais des maîtres du monde; c'est enfin cette même voix qui déposera contre vous, et qui révèlera votre turpitude dans ce grand jour où tout sera connu, où tout sera découvert. Mais si vos défauts, si vos souillures, si vos vices, si vos crimes seront connus, pensez, mortels, à présent qu'il en est temps encore, qu'ils seront jugés par un Dieu irrité, et alors inexorable dans ses vengeances.
O mon Dieu! que vos miséricordes sont grandes, mais que vos châtiments sont terribles! Entouré de ces accusateurs que nos consciences bourrelées vous produisent, vous êtes instruit non seulement de toutes nos actions, mais vous découvrez encore les motifs pervers qui nous en ont fait commettre de bonnes. Mon juge me voit, il est prêt de prononcer mon arrêt, et déjà mon supplice se prépare. O jour de consolation pour le petit nombre des justes! ô jour de désespoir pour la multitude des criminels! Quel spectacle, mes frères! Toutes les générations