<77>en vérité pas soutenable, et il nous faut une satisfaction éclatante. Il est vrai qu'il y a en Europe quelques États plus puissants que le nôtre; mais doit-on nous mépriser parce que nous ne sommes pas les plus forts? Cependant ma sérénissime république sait se faire respecter en Italie; nous avons résisté seuls et sans alliés aux artifices du cardinal Alberoni, aux canons et excommunications de l'Église, et à tous les efforts de nos ennemis; nous avons découvert leurs intrigues, détruit leurs projets, combattu pour notre liberté, et nous nous sommes maintenus. Ces actions, si elles s'étaient passées à Berne, à Venise ou à Amsterdam, seraient-elles plus glorieuses que s'étant passées à Santo-Marino? Rome dans son origine ne fut pas même ce que nous sommes à présent; le luxe n'a point corrompu l'austérité de nos mœurs; on voit chez nous des vertus antiques; notre frugalité et notre union soutiennent notre État. Nous n'avons de précieux que notre liberté et notre réputation; ce n'est ni à un malheureux gazetier ni à quelque puissance que ce soit sur la terre à nous ravir ce bien inestimable. Nous espérons que Sa Majesté ne souffrira pas plus longtemps qu'on nous offense, et que, roi, elle embrassera la cause d'une république souveraine. Nous nous flattons, monsieur, que vous appuierez par votre grand crédit nos justes représentations, et que vous procurerez à ma sérénissime république la satisfaction qu'elle attend de l'équité du Roi votre maître. J'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
etc., etc.