<XXV>XXIII. MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE D'AIX, PORTANT CONDAMNATION CONTRE LES OUVRAGES IMPIES DU NOMMÉ MARQUIS D'ARGENS, ET CONCLUANT A SA PROSCRIPTION DU ROYAUME.

La copie originale de cette facétie, qui a dix pages in-4, est conservée aux archives royales du Cabinet (Caisse 397, D). Elle est écrite avec beaucoup de soin, et on y remarque quatre corrections de la main du Roi : p. 5 du manuscrit (Supplément, t. III, p. 351), il a rayé le mot dangereux et mis au-dessus désastreux; p. 7 (Supplément, t. III, p. 353), il a substitué fit tomber à attira; p. 8 (Supplément, t. III, p. 354), il a mis murs au lieu de mers; et enfin, p. 8 (Supplément, t. III, p. 354), il a remplacé l'infidèle par l'impur.

On lit, au verso de la première feuille de ce manuscrit, la note suivante de la main de M. de Catt : « Dans la crainte que le pauvre marquis d'Argens ne fût la victime de cette plaisanterie, je fis mettre évêque d'Aix au lieu d'archevêque, pour qu'on s'aperçût d'abord que ce n'était pas une chose réelle; cela fit en effet sensation, et mon idée fut remplie. »

Cet opuscule, qui porte la date : Donné à Aix, en notre palais épiscopal, le 15 mars 1766, paraît être une imitation du Mandement du révérendissime père en Dieu, Alexis, archevêque de Novogorod la Grande, par Voltaire (octobre 1765). Voyez ses Œuvres, édit. Beuchot, t. XLII, p. 127-138. Le Roi, en écrivant son Mandement, voulait obliger le marquis d'Argens à quitter Aix en Provence, sa ville natale, où il était retourné en septembre 1764, et à revenir auprès de lui.

Le marquis d'Argens arriva en effet à Potsdam au mois d'avril 1766, mais il prit cette plaisanterie en mauvaise part, et y riposta par son Dialogue entre un capucin et un officier espagnol, imprimé dans la Vie de Frédéric II. A Strasbourg, 1789, t. VI, p. 287-292.

Notre texte du Mandement reproduit fidèlement le manuscrit ci-dessus mentionné.