<168>naturelle. J'avoue que dans ces moments-là je vous plaindrai plus qu'à l'ordinaire de ce que vous n'êtes point en passe de profiter de nos divertissements; et je me sens même assez de charité pour présenter requête pour vous, afin que vous changiez la garnison de Francfort pour celle de Berlin. Le Roi y souscrira de bon cœur, principalement si on lui allègue le motif de vos plaisirs. Mais puisque je ne voudrais point faire de démarche sans votre aveu, je suspendrai cette affaire jusqu'à ce que je sois informé de votre volonté là-dessus. Ne pouvant donc vous être utile pour vos plaisirs bruyants, souffrez que je rende quelque service à votre volupté, et que je l'abreuve de bon vin de Champagne et de Bourgogne. Caton, l'austère Caton égayait bien quelquefois sa sagesse avec du nectar de Falerne; pourquoi le gouverneur de Francfort n'enluminerait-il pas la sienne avec le nectar de Champagne, qui le cède aussi peu à celui de Falerne qu'il le cède à Caton?
Adieu, cher et digne ami; mes compliments à madame, que j'estime de tout mon cœur. Soyez bien persuadé que je n'en fais pas moins à votre égard, et que j'ai été, je suis, et je serai toujours votre parfait ami,
Federic.
(Vingt-cinq bouteilles de Bourgogne; vingt-cinq de Champagne.)
38. AU MÊME.
(Décembre 1739.)
Mon cher Camas,
Nous sommes ici des amphibies de joie et de tristesse; on fait des fêtes d'un côté pour divertir ma sœur,a et l'on plaint le Roi,
a La duchesse Charlotte de Brunswic-Wolfenbüttel, qui arriva à Berlin le 17 décembre 1739.