<18>personne vous appartient de si près. Mais, madame, je vous assure que vous ne pouvez y prendre plus de part que moi, qui aime tout ce qui appartient à cette charmante famille, et qui suis et serai toujours, madame,
Votre parfait ami, neveu et serviteur,
Frideric.
8. A MADAME DE WREECH.
Cüstrin, 10 février 1732.
Madame ma très-chère cousine,
Je serais bien ingrat, si je ne vous témoignais ma reconnaissance de la peine que vous avez prise de venir à Tamsel, et je devrais bien vous remercier encore pour les charmants vers que vous avez eu la bonté de me faire. J'aurais cru faire un péché, si, me dérobant un moment de votre aimable entretien, je l'eusse employé à lire vos vers. Hier au soir, solitaire, j'eus le plaisir de les admirer à mon aise et sans être empêché de rien au monde. M'en voilà, madame, aux redites, car tout ce que vous faîtes oblige à admirer tant votre esprit que votre politesse. Je coupe court sur cette matière; il me semble déjà que vous rougissez, et pour épargner votre modestie, je change de matière, et pour vous donner encore une preuve de mon obéissance aveugle, je vous envoie ce que vous m'avez demandé. J'espère que cela servira au moins à vous faire quelquefois souvenir de moi, et que vous direz : C'était un assez bon garçon, mais il me lassait, car il m'aimait trop, et me faisait souvent enrager avec son amour incommode. Que je serais heureux, madame, si vous me connaissiez autant, et si, persuadée de la constance éternelle de mes sentiments, vous me faites toujours la justice de me croire, avec une estime sincère et avec beaucoup de passion,
Votre parfaitement fidèle ami, cousin et serviteur.
Frideric.