<209>hommes qui pensent, la classe de ceux qui pensent juste est très-rare; c'est la fleur de l'humanité et le chef-d'œuvre du Créateur. Ces sortes de gens ont un prix infini pour moi; je préférerais une société composée de pareils sujets aux plaisirs les plus bruyants et les plus estimés du monde.
Vous ne devriez pas, en vérité, me priver du plaisir de vous posséder le printemps prochain; j'espère que les arrangements de vos seigneurs et maîtres ne se trouveront pas directement opposés à mes petits agréments. Il n'y a que votre intérêt seul qui me fera endurer les raisons de votre absence, et j'espère que vous envisagerez ma patience sur ce sujet comme un sacrifice que l'empressement de vous voir fait à l'amitié que j'ai pour vous.
Je suis toujours inviolablement et avec une très-parfaite estime,
Mon cher comte,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
7. AU MÊME.
Berlin, 19 décembre 1738.
Mon cher comte,
Je me flatte que la mort du général Montèzea va hâter votre promotion, et par là même nous procurer le plaisir de vous voir le printemps prochain. Laissez, je vous prie, régner cette idée agréable dans mon esprit, autant que vous ne verrez pas d'impossibilité morale qui en combatte l'accomplissement. Je suis ici depuis huit jours, mais je serais très-embarrassé de vous mander la moindre nouvelle intéressante.
Si je savais que ma symphonie ne vous ait pas déplu, je pourrais vous en envoyer encore une; je n'en ai fait que deux,
a Henri de Montèze, lieutenant-général hollandais et gouverneur de Tournai, mort le 2 avril 1738.