<217>Adieu, mon cher comte; je suis avec bien de l'estime et de l'amitié,
Mon cher comte,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
15. AU MÊME.
Berlin, 7 janvier 1740.
Mon cher comte,
Je vous suis infiniment obligé des vœux que vous daignez faire en ma faveur à l'occasion du renouvellement d'année. Je vous assure que je suis très-sensible à tout ce qui me vient de votre part, et que tout ce que vous me dites d'obligeant me servira de motif pour accomplir, autant qu'il dépendra de moi, l'idée avantageuse que vous vous faites de ma personne. Si les hommes pouvaient quelque chose sur les destins, si nos faibles vœux pouvaient quelque chose sur les résolutions éternelles et infiniment sages de la Providence, vous seriez le plus heureux des mortels. Vous savez, mon cher comte, la part que je prends à tout ce qui vous regarde, et combien je m'intéresse à votre bonheur.
L'arrivée du duc de Brunswic a fait revivre la joie dans ces cantons; c'est une joie universelle dans la famille de revoir ma sœur la Duchesse, qui est adorée de tout Berlin. Nous craignons en ce moment la séparation, qui est, comme le quart d'heure de Rabelais,a de ces instants fâcheux et indispensables.
a Les anciennes biographies de Rabelais racontent l'anecdote suivante à propos du séjour qu'il fit à Lyon vers l'an 1537 ou 1538 : « L'hôtesse, craignant de perdre ce qu'elle avait fourni à Rabelais pour le dîner et le déjeuner, monte dans sa chambre toute en colère et hors d'elle-même, et lui dit d'un ton fort dur : Monsieur, vous avez mangé chez moi, commencez par me payer, et puis après nous verrons. Alors on dit que Rabelais s'écria : Voilà précisément le quart d'heure que je craignais le plus! Depuis ce temps-là, quand il s'agit de payer, on dit que c'est le Quart d'heure de Rabelais. »