<269>Je vous suis très-obligé des cahiers qui accompagnent votre lettre; je les lirai avec d'autant plus de plaisir, que c'est le premier ouvrage qu'aient produit vos forces convalescentes. Je continue à lire Wolff avec la plus grande application, et je tâche de m'inculquer ses propositions le plus profondément que je puis. Il est bon de faire souvent de pareilles lectures, car elles sont d'un double usage : elles instruisent et humilient. Je ne me sens jamais plus petit qu'après avoir lu la proposition de l'être simple. Quelle profondeur! quelle application suivie à sonder tous les secrets de la nature entière, à porter la clarté et la netteté où, jusqu'ici, il n'y eut qu'ombre et que ténèbres!
Je vous quitte, mon cher Suhm, partant aujourd'hui pour ma terre;a ce sera pour y étudier avec plus de tranquillité, et pour jouir un peu du repos, après en avoir eu très-peu pendant les revues. Je suis avec une très-parfaite estime,
Mon très-cher Diaphane,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.
19. DE M. DE SUHM.
Lübben, 16 juin 1736.
Monseigneur
Si jamais j'eus sujet de désirer avec ardeur que Wolff eût déjà inventé cet art des signes qu'il dit manquer aux hommes pour pouvoir exprimer leurs pensées d'une manière toute dégagée des sens, c'est bien dans cette occasion; car comment pourrais-je, avec des mots, répondre dignement à la dernière lettre dont V. A. R. a daigné m'honorer? O monseigneur! les respectueux sentiments dont je me sens pénétré pour vous sont si fort au-dessus de tout ce que le langage des hommes peut exprimer, que mon cœur et ma plume se révoltent à les peindre aussi froide-
a Voyez ci-dessus, p. 154.