<288>phane, que je ne souhaiterais rien plus ardemment que de pouvoir vous donner des marques continuelles de mon amitié, ensorte que vous ne pussiez désormais compter d'autre époque dans votre vie que celle de mes bienfaits.
Je ne saurais finir cette lettre sans vous prier encore une fois bien sérieusement de ne me donner ni du grand ni du sublime dans vos lettres. En les lisant, je m'imagine qu'elles s'adressent à d'autres qu'à moi, et je ne me reconnais du tout point aux traits sous lesquels vous me dépeignez. Ne voyez en moi qu'un ami sincère, et vous ne vous tromperez jamais; mais n'exaltez pas des mérites que je n'ai pas, et qui me font rougir de ne les pas avoir. Adieu, mon cher Diaphane; je suis tout à vous.
Frederic.
31. DE M. DE SUHM.
Dresde, 28 septembre 1736.
Monseigneur
L'excès de la joie que m'a causée la gracieuse marque qu'il a plu à V. A. R. de me donner de son souvenir et de son amitié, autant par son obligeante lettre du 12 que par le charmant présent qui l'accompagnait, ne me laisse aucune expression capable de lui en témoigner dignement toute ma reconnaissance. De quels termes assez énergiques pourrais-je en effet me servir pour exprimer une millième partie seulement du sentiment que j'éprouve? Ah! je le sens, monseigneur, les armes que la philosophie nous offre contre l'excès de la douleur sont trop faibles contre les transports de la joie; et moi, qui suis déjà, j'ose bien le dire, assez endurci contre les coups du sort, je me sens prêt à succomber aux atteintes de la félicité. Oui, monseigneur, croyez-en la sincérité de mon cœur, je n'exagère point, c'est pour moi la félicité suprême sur la terre que de penser aux généreuses faveurs, aux témoignages si précieux de l'amitié inestimable dont me comble le plus grand, le plus digne prince; et dans les transports