<316>plu à V. A. R. de se servir en parlant de ma chétive personne, pour la remercier du désir qu'elle m'a témoigné de pouvoir me procurer une bibliothèque choisie.

Je ne finirai plus désormais mes lettres autrement qu'en conjurant V. A. R. de me conserver ses bonnes grâces et sa précieuse amitié aussi longtemps que je chercherai à m'en rendre digne, c'est-à-dire, jusqu'au tombeau, etc.

46. A M. DE SUHM. (No 3.)

Remusberg, 23 mars 1737.



Mon très-cher Diaphane,

J'ai eu le plaisir de recevoir votre lettre; elle m'a extrêmement réjoui, m'apprenant que votre santé était bonne. Que je suis aise d'avoir ignoré toutes les incommodités et les dangers que vous avez essuyés dans votre voyage! Cela m'aurait privé de tout repos, et je n'aurais pu jouir comme je l'ai fait des agréments de la retraite.

J'admire fort vos palais dorés, vos fleuves gelés, la magnificence de la cour impériale, et les gardes rangés sur la glace. Tout cela, et trois fois autant, ne me ferait pas cependant naître l'idée de quitter Remusberg. Nous vivons ici sans fourrures, nous voyons renaître les fleurs, revenir la verdure, et le soleil, favorable à ces climats, commence déjà à nous faire sentir ses ardeurs. Qu'un village près de Rome est préférable à une ville située dans la Nouvelle-Zemble!

Pourvu que le froid ne soit pas contraire à votre santé, et que l'air raréfié qu'il fait au voisinage du pôle ne vous soit pas dangereux, le reste ne m'importe guère.

Je suis à la fin de toutes mes lectures, et j'attends avec grande impatience la Vie du prince Eugène. Quelqu'un, ces jours passés, m'a sommé de lui en donner un extrait; je me suis fort excusé sur ce que l'original n'était pas entre mes mains, ce qui fit