<324>me manquez mille fois, mon cher Diaphane; il me semble que chaque lieue nous sépare d'autant d'années, tant vous me paraissez éloigné. Que le ciel veuille donc nous rapprocher bientôt, et me donner la consolation de vous revoir! Je le désire bien ardemment, étant avec une très-sincère et parfaite estime,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.

P. S. On vient de m'annoncer qu'un capitaine de Wartenberg,b au service de Russie, était arrivé. Je l'ai fait querir d'abord pour lui demander de vos nouvelles. Il semble voir arriver un homme de l'autre monde.

51. AU MÊME. (No 6.)

16 mai 1737.



Mon cher Diaphane,

Voici la seconde lettre que je vous écris aujourd'hui; ayant trouvé l'occasion bonne, je me serais reproché de l'avoir négligée.

Le capitaine Wartenberg m'a dit beaucoup de particularités de Pétersbourg, mais rien ne m'a touché le cœur de toutes les belles choses qu'il vante de cette cour. Il n'y a que vous, mon cher Diaphane, qui m'intéressiez en Russie, et, sans vous, tout ce pays m'est le plus indifférent du monde.

Comme je crois cette voie sûre, je ne hasarde rien à vous dire que je suis pressé de tous côtés par mes créanciers. Ayez la bonté de me tirer d'affaire, sans quoi je ferai du très-mauvais coton. Je garderai sans faute un secret inviolable, vous pouvez bien le croire, d'autant plus que mon propre intérêt m'y oblige. J'aurai


b Hartwig-Charles de Wartenberg (t. III, p. 115, et t. IV, p. 132), après avoir servi dans l'armée russe contre les Polonais, les Tartares et les Turcs, rentra en 1740 dans l'armée prussienne.