<342>ce que cette lettre vous apprendra de mon zèle à vous servir, agréez que je vous réitère les assurances du tendre respect et du parfait dévouement avec lequel je serai jusqu'au dernier moment de ma vie, etc.
61. A M. DE SUHM.
Remusberg, 15 novembre 1737.
Mon cher Diaphane,
Un ancien a dit une fois qu'il n'y avait aucun bonheur parfait dans ce monde, et c'est de quoi je m'aperçois tous les jours. Je vis en paix et en repos, j'ai le bonheur d'avoir des amis que j'aime sincèrement, et dont je suis sincèrement aimé. Mais le malheur est que je puis si peu jouir de ces amis, que la plupart sont si éloignés de Remusberg, que les correspondances vont si mal, qu'il faut tant de circuits jusqu'à ce que leurs nouvelles me parviennent, et, en un mot, que, ayant le plaisir de me dire que j'ai de vrais amis, j'ai en même temps le chagrin de ne les pouvoir posséder.
Je ne reçois que toutes les six semaines, et quelquefois seulement tous les deux mois, de vos lettres; et quoiqu'elles me causent toujours beaucoup de joie, elles ne sauraient cependant me consoler de votre absence. En vérité, mon cher Diaphane, vous êtes un esprit trop exquis pour le pays où votre poste vous attache. J'ai pensé dire que je méritais seul de jouir de tout votre esprit, mais j'ai craint que cela ne sentît trop la présomption, quoique, d'un autre côté, je pourrais me justifier, parce que l'amitié parfaite que j'ai pour vous peut me tenir lieu de tout autre mérite.
Vous serez sans doute informé de la chute de Seckendorff,a juste punition de toutes les méchancetés et de toutes les mauvaises actions qu'il a commises. A la fin, il a son tour, et, après
a Voyez t. I, p. 196 et 197; et ci-dessus, Avertissement, no III, et p. 25-35.