<353>qu'il m'est possible. Je voudrais, s'il se peut, en faire une terre bien fertile et ensemencée de toutes sortes de bonnes choses, afin qu'elles puissent germer à temps, et porter les fruits qu'on en peut attendre.
Me confiant entièrement à votre amitié et à votre prudence, je vous prie de penser quelquefois à moi comme à un véritable ami qui languit de vous revoir, et qui brûle de vous donner des marques de son estime. Je suis à jamais,
Mon cher Diaphane,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
66. DE M. DE SUHM.
Pétersbourg, 21 mars 1738.
Monseigneur
Je me sers de l'occasion d'un courrier que je fais passer par Berlin, pour vous faire remettre en toute sûreté le grimoire ci-joint, que V. A. R. voudra bien déchiffrer, et m'en envoyer au plus tôt la solution. Par cette même occasion, je vous envoie les nouvelles cartes géographiques de la Crimée, théâtre de la guerre. Ne sachant encore que vous envoyer pour faire plaisir à V. A. R., j'y joins un nouveau menuet de Madonis, qui a été fort goûté ici dans les derniers bals, afin que vous puissiez un peu juger, monseigneur, du goût que l'on a ici en fait de musique. Tout bizarre qu'il est, il n'a pas laissé de me plaire, parce qu'il a quelque chose de champêtre qui m'a, par un charme tout singulier, comme transporté dans mes rêveries à Remusberg. Ne lui en faites pourtant pas, monseigneur, un trop grand mérite, car, au fond, la cause en est plus en moi qu'en lui; aussi n'y a-t-il presque aucun objet agréable qui, en se présentant à mes yeux, ne rappelle dans mon esprit l'idée de ce séjour fortuné, l'unique objet de mes désirs, et qui me semble, dans la jouissance idéale