<371>succès à tous les exercices convenables. Un sage conducteur l'a jeté dans des lectures très-utiles. Tous les ouvrages de Wolff lui ont passé plus d'une fois par les mains, et n'ont sans doute pas peu contribué à former son esprit et à affermir son caractère. Il est généreux, compatissant aux malheurs d'autrui, d'une grande politesse envers tout le monde, et infiniment obligeant envers ceux qu'il honore de son amitié. Joignez à cela sa valeur et ses qualités héroïques, dont il a donné des preuves dans les deux campagnes qu'il a faites, où il s'est acquis l'admiration des généraux et le respect aussi bien que l'affection de la nation, et vous aurez le portrait d'un beau-frère.a
Je ne m'engagerai pas à y joindre celui de la princesse;a cela me mènerait trop loin, et cette lettre, qui est déjà une épître, deviendrait un volume. Je dirai seulement qu'elle est très-belle, grande et parfaitement bien faite. Elle a le port et la majesté d'une impératrice. Elle est fière, mais fort polie, joint à beaucoup d'esprit naturel une lecture qui n'a pu que l'orner davantage. Enfin elle est pleine de mérite, généreuse au possible, compatissante, et surtout très-charitable, de sorte qu'on peut dire que le prince, qui en est fort amoureux, aurait bien de la peine à décider lequel des deux fait plus grande fortune, de sa gloire ou de son amour.
Que toutes ces grandes nouvelles, monseigneur, ne vous empêchent cependant pas de vous souvenir de votre fidèle serviteur, qui ne cessera d'être jusqu'au dernier moment de sa vie, avec les plus tendres et les plus respectueux sentiments, etc.
a Il s'agit ici du duc Antoine-Ulric de Brunswic, beau-frère de Frédéric, qui se fiança avec la grande-duchesse Anne de Russie le 13 juillet 1739. Voyez t. II, p. 62, 63, 111 et 112; et t. III, p. 33.