<378>vous m'indiquiez. Vous aurez la bonté de m'écrire encore une fois préalablement, et de me dire si vous croyez sûrement qu'on pourrait retirer de chez vous ces volumes si rares de la bibliothèque du prince Eugène, et de quelle manière il faudrait s'y prendre. Quoi qu'on puisse vous dire, mes livres ne sont point nombreux; je n'en ai point assez pour l'usage qu'il en faut faire, et ce m'est une nécessité d'avoir ces livres que je vous ai demandés il y a déjà si longtemps, sans quoi le projet de mes études s'en va en fumée.
Je voudrais, de plus, que vous pussiez convenir avec votre Académie qu'elle m'envoyât tous les ans deux exemplaires semblables à ceux que vous m'envoyâtes la première année de votre séjour en Russie, car j'en ai trouvé la lecture très-instructive et les vérités qu'elles contiennent d'une application admirable à la pratique.
Vous qui connaissez ces sciences, et qui êtes bon philosophe vous-même, je suis persuadé que vous sentez une conviction intime de l'usage que je retirerai de ces études. J'attends votre réponse avec grande impatience, pour savoir ce que vous aurez à me dire là-dessus, et l'horoscope auquel je dois m'attendre.
Nous avons eu ici mylord Baltimore et le jeune Algarotti,a tous deux des hommes qui, par leur savoir, doivent se concilier l'estime et la considération de tous ceux qui les voient. Nous avons beaucoup parlé de vous, de philosophie, de sciences, des arts, enfin de tout ce qui doit être compris dans le goût des honnêtes gens.
Adieu, cher ami; vous êtes bien persuadé de mon amitié, et que ma tendresse pour vous ne finira qu'avec ma vie.
Federic.
a Voyez t. XIV, p. vI et 81.