<380>du jour la philosophie de Wolff, dont Dieu soit loué! Ainsi nous voilà arrivés au triomphe de la raison, et j'espère que les bigots avec leur obscure cabale ne pourront plus opprimer le bon sens et la raison. Auriez-vous cru, il y a deux années, que ce phénomène arriverait de nos jours? Ainsi l'on voit qu'il ne faut jurer de rien, et que les choses qui nous paraissent souvent les plus éloignées sont celles qui arrivent le plus tôt. Mais que dira ce philosophe? Car, avec toutes ses règles de probabilités, je suis sûr qu'il ne se serait jamais douté de ce qui vient d'arriver. Je vous dirai encore plus : on offre à Wolff une pension de mille écus, une de cinq cents à son fils, et l'on promet une pension à la femme, en cas de veuvage. Voilà autant de choses nouvelles et étonnantes, qui toutefois sont véritables.
Après ces nouvelles, il est permis de parler de choses anciennes et déjà connues; vous comprenez bien que c'est pour vous réitérer les assurances de l'estime parfaite avec laquelle je suis tout à vous.
Federic.
91. DE M. DE SUHM.
Pétersbourg, 6 novembre 1739.
Monseigneur
La précipitation avec laquelle j'ai été obligé d'expédier dernièrement le bas officier avec les trois Turcs Bosniaques, à cause de la nouvelle de la paix, m'ayant empêché de profiter de cette bonne occasion d'écrire à V. A. R., elle permettra que je m'en dédommage aujourd'hui.
Plus d'une raison, monseigneur, me détermine à vous prier de vous servir de signes arabesques sur certaines matières assez curieuses et intéressantes d'elles-mêmes pour mériter un tel soin. Je ne puis rien encore mander de positif sur certain sujet à V. A. R., mais elle se souviendra de ce que je lui ai fait espérer pour le temps de la paix que je lui ai prédite. Il faudra voir maintenant si je serai bon prophète jusqu'au bout.