<92>gens se sacrifient pour la patrie, et qu'ils oublient, pour ainsi dire, femme, santé et enfants pour le bien public. Jusqu'à présent, vous vous êtes si dignement acquitté de ce caractère, que ce serait une perte générale que celle de votre abdication.
La description de la malheureuse chasse de Potsdam est charmante, mais j'avoue qu'elle plaît mieux sur le papier qu'en nature. Si le peu d'esprit que le général Blanckensee a l'avait quitté, je crois qu'il n'y paraîtrait pas, car il en a si peu à présent, que je crois qu'entre son âme et celle des bêtes la différence n'est pas grande. Je crois que la couronne ne perdrait aucune de ses branches par la mort du Pr. Dietrich; sa place ne sera pas plus mal remplie, je crois, par son frère qu'elle l'est par lui; ainsi cela revient à la même chose.
Pour mon plan futur, j'espère de l'exécuter, et suis dans la joie de mon cœur de voir que vous le goûtez. Je ne vois point d'autre salut pour moi, et quoique je ne doute point d'être entouré d'observateurs, je les crains pourtant moins ici qu'à Berlin; car, au lieu de dix que j'aurai ici, j'en trouve mille à Berlin, dont le jargon, accoutumé à ce manége, sait répandre un fiel malin sur toute chose. Enfin, cher Cassubien, je crois que, dans ce monde, il faut faire vie qui dure, et se mettre dans une situation où l'on puisse se maintenir longtemps, car je connais assez l'esprit du maître, où ma faveur est fort sujette aux changements; ainsi, pour me mettre dans un heureux oubli, l'absence et le régiment est la situation la plus convenable.
Je vous ennuierais fort, cher Cassubien, si je devais vous conter des nouvelles d'ici, qui sont assez plates pour ceux qui n'y prennent aucune part. J'aime mieux vous assurer que jamais gouverneur n'aima plus un Cassubien que je vous aime, que je vous estime, et que je vous honore, et que je serai toute ma vie, etc.
Le Gouverneur.